Vraies et fausses idées sur la dépendance à l'alcool
Rompre le silence permet d'effacer le sentiment
de honte que l'on peut éprouver
Cela est vrai à n’importe quelle étape de la prise en charge, qu’il s’agisse de la première consultation au cours de laquelle la relation avec l’alcool est évoquée ou d’une consultation de suivi au cours de laquelle il va falloir évoquer ses difficultés, par exemple le fait d’avoir recommencé à boire de façon excessive (voir encadré)11. Quelle que soit la situation, le médecin est là pour proposer une aide dénuée de tout jugement11. il est en outre tenu au secret professionnel, qu’il ne peut rompre qu’à la demande du patient8.
C’est parfois à l’occasion d’un problème de santé sans lien évident avec l’alcool, comme une irritabilité, une anxiété, des troubles du sommeil, une hypertension artérielle ou des troubles digestifs ou hépatiques, que le médecin ouvrira le dialogue sur la consommation d’alcool et un problème de dépendance éventuel14.
Reprise de la consommation d'alcool : je n'y arriverai donc jamais ?
Il est habituel que le parcours des patients dépendants à l’alcool ne soit pas linéaire et qu’il existe, au gré des contextes de vie, des moments d’amélioration ou, au contraire, des moments de reprise de la consommation5.
La reprise ne doit pas être considérée comme un échec, même si l’on est parfois envahi par la déception, la honte ou la culpabilité.12 13
Elle constitue une étape qui peut rapprocher du succès, mais qui doit amener, pour se remobiliser, à rediscuter avec le médecin de ses motivations et du projet de soins.12 13
5811121314Voir les sources
Société française d’alcoologie, Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie, European Federation of Addiction Societies. Recommandations de bonne pratique. Mésusage de l’alcool : dépistage, diagnostic et traitement. Alcoologie et Addictologie 2015;37:5-84.
alcool-info-service.fr. Se faire aider. Le médecin généraliste. http://alcool-info- service.fr/alcool/aide-alcool/generaliste
alcool-info-service.fr. Ma consommation est-t-elle un problème ? Je bois, j’ai honte. http://alcool-info-service.fr/alcool-et-vous/consommation-alcool/dependance-alcool
Haute Autorité de santé. Outil d’aide au repérage précoce et intervention brève : alcool, cannabis, tabac chez l’adulte, décembre 2014
alcool-info-service.fr. Limiter ou arrêter ma consommation. J’ai recommencé à boire. http://alcool- info-service.fr/alcool-et-vous/arreter- consommation-alcool/lutte-reprise- consommation-alcool
Institut national de prévention et d’éducation pour la santé. Alcool. Guide pratique pour le médecin, 2006.
LA DÉPENDANCE À L'ALCOOL EST UNE FAIBLESSE DE CARACTÈRE
De nombreux travaux scientifiques ont montré que la dépendance à l’alcool est en réalité une maladie, faisant intervenir des anomalies biochimiques cérébrales, et dont le développement est lié à des facteurs de prédisposition génétique et à des facteurs environnementaux (comme le fait de vivre dans un milieu incitant à la consommation d’alcool) 1. Comme de nombreuses maladies, la dépendance à l’alcool peut se soigner, avec un succès plus important que ce que l’on imagine parfois. On estime ainsi que les patients bénéficiant d’un traitement parviennent 2 fois plus souvent que les patients non traités à arrêter de boire ou à diminuer leur consommation jusqu’à un niveau n’étant plus pathologique 1.
1Voir les sources
Institut national de la santé et de la recherche médicale. Expertise collective. Alcool : dommages sociaux, abus et dépendance. 2003. Rapport. Paris : Les éditions Inserm, 2003;XXII:536p. (Expertise collective). http://hdl.handle. net/10608/154
LA DÉPENDANCE À L'ALCOOL EST UNE MALADIE CHRONIQUE
La dépendance à l’alcool est une maladie chronique 2, 3, au même titre que d’autres maladies comme le diabète ou l’hypertension artérielle. Cela signifie qu’il peut exister au cours de son évolution une alternance de périodes de consommation excessive et de rémission, et que la prise en charge des patients atteints nécessite un plan de soins et un accompagnement à long terme 1, 3.
123Voir les sources
Institut national de la santé et de la recherche médicale. Expertise collective. Alcool : dommages sociaux, abus et dépendance. 2003. Rapport. Paris : Les éditions Inserm, 2003;XXII:536p. (Expertise collective). http://hdl.handle. net/10608/154
Haute Autorité de santé. Outil d’aide au repérage précoce et intervention brève : alcool, cannabis, tabac chez l’adulte. Rapport d’élaboration, novembre 2014.
McKay JR, Hiller-Sturmhöfel S. Treating alcoholism as a chronic disease: approaches to long-term continuing care. Alcohol Res Health 2011;33:356-70.
UNE PERSONNE N'EST DÉPENDANTE À L'ALCOOL QUE SI ELLE BOIT TOUS LES JOURS
En France, on estime à 5 millions le nombre de personnes ayant des difficultés avec l’alcool et à 2 millions le nombre de personnes qui en sont dépendantes 1.
PERTE DE LA MAÎTRISE DE LA CONSOMMATION D’ALCOOL : COMMENT SE MANIFESTE-T-ELLE ? (2, 5)
Quand une personne a perdu la maîtrise de sa consommation d’alcool, elle présente, habituellement de façon simultanée, au moins 3 des symptômes suivants :
Un désir de boire de l’alcool impossible à surmonter ;
Des difficultés à contrôler le début et la fin de la consommation d’alcool, ainsi que la quantité consommée ;
Des symptômes gênants lors de l’arrêt ou de la diminution de la consommation (syndrome de sevrage) ;
Un besoin de consommer des quantités d’alcool de plus en plus importantes ;
Une obsession vis-à-vis de l’alcool au point d’abandonner d’autres sources d’intérêt ou de plaisir ;
Une poursuite de la consommation malgré l’existence de conséquences problématiques (par exemple une maladie du foie ou une dépression liées à l’alcool).
12456Voir les sources
Institut national de la santé et de la recherche médicale. Expertise collective. Alcool : dommages sociaux, abus et dépendance. 2003. Rapport. Paris : Les éditions Inserm, 2003;XXII:536p. (Expertise collective). http://hdl.handle. net/10608/154
Haute Autorité de santé. Outil d’aide au repérage précoce et intervention brève : alcool, cannabis, tabac chez l’adulte. Rapport d’élaboration, novembre 2014.
Paille F. Évaluation pratique de la consommation d’alcool. Classifications et définitions des conduites d’alcoolisation. Gastroenterol Clin Biol 2002;26 (Suppl.5):B141-8.
Société française d’alcoologie, Association nationale de prévention en alcoologie
et addictologie, European Federation of Addiction Societies. Recommandations de bonne pratique. Mésusage de l’alcool : dépistage, diagnostic et traitement. Alcoologie et Addictologie 2015;37:5-84.
Batel P. Évolution des modes d’alcoolisation. Rev Prat 2011;61:1364-8.
QUAND ON SOUFFRE DE DÉPENDANCE À L’ALCOOL, IL EST NORMAL D’AVOIR PARFOIS DU MAL À SE DÉCIDER DE CHANGER DE COMPORTEMENT
Figure 1. Exemple de l’ambivalence que peut ressentir une personne dépendante à l’alcool face à l’idée de changer (10).
5910Voir les sources
Société française d’alcoologie, Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie, European Federation of Addiction Societies. Recommandations de bonne pratique. Mésusage de l’alcool : dépistage, diagnostic et traitement. Alcoologie et Addictologie 2015;37:5-84.
Daeppen JB, Berdoz D. Comment motiver un patient pour qu’il arrête de boire. Rev Prat 2006;56:1088-92.
Lécallier D. Entretien motivationnel chez l’alcoolodépendant. Rev Prat Med Gen 2013;27:164-5.
MON MÉDECIN NE PEUT PAS M’AIDER
2578Voir les sources
Haute Autorité de santé. Outil d’aide au repérage précoce et intervention brève : alcool, cannabis, tabac chez l’adulte. Rapport d’élaboration, novembre 2014.
Société française d’alcoologie, Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie, European Federation of Addiction Societies. Recommandations
Castera P, Paille F. Mésusage de l’alcool. Repérer, évaluer, motiver, accompagner. Rev Prat Med Gen 2014;28:813-8.
alcool-info-service.fr. Se faire aider. Le médecin généraliste. http://alcool-info- service.fr/alcool/aide-alcool/generaliste
IL EST INUTILE DE PARLER À SON MÉDECIN DE SON PROBLÈME AVEC L’ALCOOL SI L’ON N’EST PAS SUFFISAMMENT MOTIVÉ POUR CHANGER SES HABITUDES DE CONSOMMATION
910Voir les sources
Daeppen JB, Berdoz D. Comment motiver un patient pour qu’il arrête de boire. Rev Prat 2006;56:1088-92.
Lécallier D. Entretien motivationnel chez l’alcoolodépendant. Rev Prat Med Gen 2013;27:164-5.
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Maladie
Ramenons tout d’abord la dépendance à l’alcool à son juste statut :
La dépendance à l’alcool est une maladie. Ce n’est pas une faiblesse humaine comme on l’entend trop souvent. Il s’agit véritablement d’une maladie aux multiples facteurs.
Dépistage
À quantités égales absorbés, les organismes des uns et des autres réagiront de façons différentes.
Les quantités d’alcool consommées à partir desquelles les risques sur l’organisme sont réels sont bien identifiées.
La prise en charge
Il faut commencer par en parler à son médecin, il n’y a aucune raison d’avoir peur et encore moins d’avoir honte. Il existe deux grands axes possible de traitement, la réduction de votre consommation ou le sevrage, il faut trouver celle qui vous convient le mieux.
Les témoignages
“Il faut que les patients aient bien conscience qu’il ne seront pas jugés par leur médecin, et qu’au contraire on est là pour les aider. Les solutions sont multiples et elles seront personnalisées.”
Docteur Castera,
médecin généraliste